Etrange affaire
Rien ne va plus, mais tout va bien ! C'est un peu en résumé ce qui pourrait se dire.
Mes pensées tournent en roue libre et tout s'entrechoque, choque même.
Fred Chichin est mort ! Les Ritas Mitsouko avec lui. Discrètement, rapidement, hop, hop, hop, on s'envole et on n'en parle plus. C'est la règle du jeu. De toute façon, à la fin, on se retrouve tous sous la même enseigne : "THE END".
Vous ne trouvez pas que l'on vit dans une société qui cultive les peurs ? Qui ne cesse de le faire, qui y a pris goût, qui aime aussi culpabiliser à fond les ballons ? Tout est dangereux, toutes nos libertés le sont, tous nos choix téléguidés aussi.
Vous aimez manger ? Vous risquez gros si ce n'est pas bio.
Vous aimez le vin ? Vous risquez gros tout pareil, entre accoutumance et intoxication, allergies et autres joyeusetés.
Vous aimez les plaisirs de la vie ? Vous risquez gros si c'est dans l'excès, et l'excès, qu'on se le dise, voit ses frontières s'agrandir de jour en heure !
Vous aimez ne pas prévoir ? Vous risquez gros car il est plus sage de prévoir.
Vous aimez les petits riens qui font les grands tout ? Vous risquez gros car votre naïveté communicative et votre plaisir d'enfance vous seront reprochés.
Vous travaillez ? Vous risquez de ne pas avoir de retraite.
Vous ne travaillez pas ? Comme les futurs sans-abris que l'on nous "markketing" !
Vous etc.
Vous tout court, d'abord !
Vous ! à cause de vous et de vous seul, vous risquez gros.
Vous le savez, vous êtes prévenus continuellement.
Paris chante ses lumières pour Noël, mais où sont-elles ?? Dans les quartiers des toutous, c'est tout. Même la rue des Martyrs est envahie d'ombres dès 17 heures. Pas une seule guirlande scintillante ! Rien ! Rien à voir, donc, ne serait-ce qu'avec l'an dernier...
Ca ne sent pas Noël par ici. Pas du tout ! Tout le monde est morose. Les banques vous envoient par courriers papier et par courrier électronique des offres de prêts à la consommation inédites, on ne sait jamais, et le business n'a pas d'odeur ; les librairies oublient même que les livres de Noël à lire aux minots existent ; les magasins sont dans le minimum syndical en matière de décoration de Noël si éphémère, euh...
Pourquoi courir ? Pourquoi vivre ? De toute façon, on ne vit pas, ou alors lorsque l'on vit dans le plaisir, que l'on se chouchoute, que l'on reçoit comme un cadeau magique un sourire merveilleux, il y a toujours une petite voix qui dit : "de toute façon, tout est aléatoire, alors vis-le pour de vrai, parce que demain, ce sera la fin de tout. Tu peux mourir, illico presto, emballée et pesée ! Regarde, la planète se réchauffe. Les gens meurent de plus en plus vite, seuls les vieux cons grincheux, emmerdeurs patentés subsistent ; seuls ceux qui cultivent le non engagement zénifiant ou lénifiant, s'ennuient à vie. Les enfants ne sont plus élevés ; que peuvent-ils devenir ? Leurs parents, pour la plupart, ne le sont que dans le statut juridique, égoïsme et immaturité obligent. Ton corps va bien finir par se déclarer en maladie grave voire fatale. Rien ne sert à rien, tout est jeu et maquillage, tricherie et vantardise, le vrai n'est pas de mise, rien ne va plus mais tout va bien".
Emmanuel Vacca, qui revient sur scène avec une troisième création "Une autre vie", l'avait dit dans sa première, via Ildebrando Biribo : "profitez-en !". Profitez-en bien, effectivement. Comme on ne sait pas ce qui peut arriver, mais que l'on ne cesse de cultiver le pire, profitez-en vraiment bien. N'hésitez plus !! Faites-vous plaisir. Croyez en vous, croyez en la vie, remerciez-la chaque jour, souriez lui et que les méchantes langues aigries aillent se faire griller chez leur créateur respectif ! BEURK !
Parce que c'est en continuant d'être ce que l'on devient, d'apprendre, de grandir, de croire en ce que l'on fait (même si cela ne sert pas à grand chose mais engendre des plaisirs durables pour ceux qui les vivent), c'est en cultivant ce que l'on aime (même si on est toujours surpris de la simplicité et de la naturalité de cet amour-là) que l'on peut oublier l'espace d'un instant fulgurant l'évidence de la fatale issue. Etrange d'essayer de comprendre comment la vie se tricote et se détricote ! Que foutez-vous, les Parques ? Zut, alors ! C'est le portrait de Vélasquez qui vous hérisse le poil, le fil ? Pourtant... rien à voir avec celles de Goya ! Oui, on sait, on va mourir, mais avant, on vit, alors foutez-nous la paix du coeur, la paix de l'âme ! Please ! Laissez-nous mourir comme les étoiles... et filer dans le vent. Ouiiiiiiiiiz !
Vivons, Nom de Zeus, et que cette société de plus en plus puriste dans la forme, mais non dans le fond, nous libère des culpabilités nées tous les jours d'esprits de "gros fesseux" (merci Henri-Frédéric Blanc et son Extrème-Fiction), si lamentablement étriqués dans leurs alinéas cherchant à dédouaner tous les actes des décideurs !
Quel temps nous reste-t-il ? Pas de retroplanning. Comment procéder ? Vivre comme on le souhaite, aimer comme on aime, avancer dans sa dimension, et garder la tête hors de l'eau. Pas la peine de faire l'autruche ou de virer mouton de Panurge (il est mort, celui-là, qu'il le reste ! Mais entre-nous, ça ne vous fait pas peur de voir tout le monde lire le même journal au petit matin dans le métro ?? Le même !!! Bonjour la liberté formatée de penser ! -Bonjour !).
Et nos vies ? Que faisons-nous d'elles ??
"Ma vie ne ressemble pas à ma vie", annonce Virginia Wolf dans les Vagues...
Oui, c'est ça.
Moi, je suis pour allier le plaisir à la réalité ! Je l'ai toujours fait, je le fais encore, j'y crois. Si demain, ma réalité est de mourir, alors, je souhaite que ce soit dans le plaisir. C'est tout. En attendant, relire Lao Tsé, oser ce que l'on redoute, surmonter ses peurs, aimer ce et ceux (surtout celui) que l'on aime, rester ouverte et curieuse, généreuse et joyeuse, goûter, savourer, partager, échanger, vivre sans haine ni angoisse, apprécier les petits plaisirs du jour et rester humble.
Fred Chichin est mort,
Mon enfance en prend un coup.
La vie vaut d'être vécue en couleurs ! Pas de sépia, pas de noir et blanc ! Vous le savez déjà ! La vie vaut d'être vécue en 3 D. La quatrième dimension, c'est pour le jour ou la nuit qui sera choisie par les Parques. Chacun son business. Le mien est de vivre. Le vôtre aussi.
Alors vivons !
Et pour saluer Léo Ferré, "que le Diable les crame et que le cul leur pèle !"
Joyeux Noël, si, si !
PS : Bien sûr, ce papiel rompt avec les usages de cet espace où plaisirs riment avec découvertes, interrogations, mots fins et autres petits investigations imaginaires. Je ne vais pas vous remettre du Joachim Du Bellay, la mignonne ou l'un des sonnets à Hélène de Pierre Ronsard ou encore le chien et le loup du voleur faussement inspiré qu'était La Fontaine, mais tout de même ! Croyez en vos envies en vie ! Le reste n'est que des ombres, face auxquelles il faut renvoyer le miroir de l'absurdité. Etre adulte, c'est aimer la vie, et garder ce regard d'enfant sur ce qui "enchante" le grand tout. Restez curieux et généreux, lisez, voyagez, parlez avec les autres -même ceux que vous aimez moins-, offrez-vous des fleurs ou invitez-vous au cinéma, au restaurant, mangez ce que vous aimez, comptez sur vous... En un mot, faites-vous plaisir !!!
(c) photographies B.C. - Nuit Blanche 2007, place de la Madeleine : "N’importenawak" de Pierre di Sciullo. - oct.07 / Papiel rédigé par B.C. - déc.07
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Du mystère des Mythologies contemporaines et de l'éternel recommencement :
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